DASTAN

Code by Anarchy

L’histoire

Les événements importants de mon enfance restent malheureusement dans l’ombre et je ne m’en garde pas de grands souvenirs, si ce n’est des impressions et des images fugaces. Mais d’après cela et ce que l’on m’a rapporté, je suis en mesure de vous en raconter au moins une partie. Je suis né dans une famille aisée, en Angleterre, et si je n’ai jamais pu connaître ou me souvenir de ma mère, il me restait néanmoins mon père et même un frère aîné. Contrairement à tout ce qu’on a pu me raconter, je me souviens des premières années de mon existence comme heureuses et sans problèmes particuliers. Certes, l’absence d’une mère n’était pas rien, mais je m’estimais chanceux d’avoir, dans les deux membres qu’il me restait, deux hommes aussi talentueux et admirables qu’Henry et Erik. Ils étaient des hommes respectés et admirés, à juste titre. Et même si je restais dans l’ombre d’un frère artiste aussi doué, face à un père dont rien n’avait plus d’importance que la beauté sous toutes ses formes, cela ne me dérangeait pas vraiment. Ils étaient là, c’était le principal à mes yeux.

Quand bien même ils tentaient tous les deux de m’inculquer ce qui semblait essentiel à leurs yeux, je savais bien que je ne pouvais jamais les surpasser. Je savais toutefois mesurer la chance que j’avais de recevoir leur enseignement, et les écoutais toujours avec grande attention et admiration. Cela suffisait amplement à mon bonheur et à mon épanouissement, bien que les nombreuses disputes entre Henry et Erik se fassent de plus en plus fréquentes et violentes, sans que je sois toutefois en mesure de les comprendre. Si cela avait été le cas, peut-être aurais-je pu prévoir le malheur qui allait ensuite s’abattre sur nous. Le jour où mon monde en apparence parfait éclata en mille morceaux.



La disparition de mon frère fut aussi surprenante qu’elle me blessa. L’homme que je considérais comme mon modèle vivant disparut alors que je n’avais que treize ans et ce fut comme si le monde s’effondrait. Comment allais-je pouvoir continuer sans lui pour me montrer la voie ? Comment prendre sa place, alors qu’il représentait à mes yeux la perfection même ? Jamais je n’allais pouvoir lui arriver à la cheville, ni briller dans le monde comme il l’avait fait. Tout ce sur quoi ma vie avait été bâtie venait de disparaître brutalement, et il ne me restait plus que des ruines. J’entrepris alors de reconstruire mon existence en me basant sur ce seul but : retrouver Erik. J’étais persuadé au fond de moi qu’il n’était pas mort, refusant de me laisser raisonner par quiconque. Oubliant peu à peu les précieuses leçons que lui et mon père m’avaient enseignées, je ne me concentrais à présent que sur cela. Et je fus aidé dans cette mission par un événement des plus inattendus. Comme tout un chacun, j’avais entendu parler de ces hommes hors-norme, des mutants comme on les appelait. Je n’avais jamais cru que ce débat finirait par me concerner un jour, trop concentré que j’étais à tenter de retrouver mon frère.

Cette recherche était devenue une telle obsession que j’en venais à me désintéresser des cours et à passer mon temps libre à rechercher Erik. J’en oubliais également mon père, mais cela sembla être réciproque. Mon frère avait été ce qui nous avait lié toutes ces années, et à présent qu’il n’était plus là, nous nous éloignions chaque jour un peu plus. Mais un jour, lors d’un cours particulièrement ennuyeux qui me semblait me retenir indéfiniment éloigné de mon but, je parvins à faire accélérer le temps afin que les cinq dernières minutes passe plus rapidement, comme souhaité. Plusieurs expériences du genre furent nécessaires avant de comprendre que je tenais dans mes mains le pouvoir de maîtriser le temps, signifiant que j’étais alors l’un de ces gens tant décriés. Mais loin d’y voir une tare, j’y trouvai tout de suite le moyen de servir encore davantage mes recherches. Car, si je m’entraînais assez, peut-être allais-je pouvoir retourner à ce jour fatidique où mon frère disparut de nos vie et réussir à l’en empêcher. Je cachais ce pouvoir à tous, le pratiquant chaque soir afin de parvenir à l’objectif fixé. Mais cela ne se passa pas comme je l’avais imaginé. Je n’avais que quinze ans, j’étais impatient et inexpérimenté. Au lieu de retourner à la date du départ d’Erik, je finis par atterrir dans une époque bien plus lointaine, sans aucun moyen pour revenir à mon époque…



Dix-septième siècle, bien plus loin que les années que j’avais cherché à atteindre. Et si j’avais suivi avec plus d’assiduité mes cours d’Histoire, cela aurait pu m’être d’un plus grand secours. J’étais coincé dans ces temps reculés et presque inconnus, et ne parvenais pas à maîtriser assez mon pouvoir pour retourner d’où je venais. J’avais même peur de l’utiliser à nouveau et qu’il ne m’éloigne encore plus de mon époque. Paniqué et inexpérimenté que j’étais, je n’aurais pas survécu bien longtemps, si je n’avais pas croisé la route de mutants immortels, et surtout Morgoth. Il prit alors la place que mon cher frère avait eu jusque-là, à savoir mon modèle. Mais à la différence que cette fois-ci, je ne me contentais pas seulement de l’imiter, mais de me construire moi-même en suivant ses traces, conscient pour la première fois d’avoir le droit d’être un être à part entière, indépendant. Ces immortels m’apprirent une nouvelle façon de vivre, et m’aidèrent à accepter et contrôler ce pouvoir qui m’avait condamné à vivre dans le passé. Jusqu’au jour où je saurais le maîtriser davantage.

Je passais dix années bloqué dans cette époque, mais ce furent loin d’être des années perdues, bien au contraire. Et encore moins des années tranquilles. Si croiser des immortels comme Morgoth et Axel fut des expériences positives, il en est une qui resta gravé jusqu’au plus profond de mon âme. J’aurais dû mourir suite à ma rencontre avec  Ascheriit, il était bien trop puissant pour que je puisse faire quoi que ce soit contre lui. Mais au lieu de me tuer, il choisit de faire sans doute bien pire. Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi il avait agi de la sorte à mon égard, moi qui n’était après tout qu’un mutant inexpérimenté et incapable alors de pleinement maîtriser mon pouvoir. Quoiqu’il en soit, il me fit porteur de l’un de ses fragments d’âme. C’était un moyen immoral afin de s’assurer une immortalité quasi certaine, et j’étais devenu un simple pantin dans ses plans. Néanmoins, cette partie d’âme ne parvint pas à me ronger ni à me corrompre, même si cela fut plus une triste consolation. Car cela signifiait que, pour venir un jour à bout de cette ombre maléfique, ma propre vie allait devoir être sacrifiée. Là était la faille de son plan, et par ma faiblesse, j’avais été forcé à être un pion dans cet affrontement millénaire.

Pourtant, avec l’aide de Morgoth et d’autres immortels, je réussis à en faire une force, ma motivation à me montrer plus fort n’en étant que plus accrue. Et finalement, lorsque j’atteins l’âge de vingt-cinq ans, je réussi à revenir dans les années 2000. Toujours sans aucune information concernant mon frère. Mais cette fois-ci, je revenais armé d’une maturité toute nouvelle, ainsi que d’une maîtrise bien plus importante de mon pouvoir. J’étais loin de me douter que, en 2017, les temps étaient à l’aube d’événements aussi importants que ceux que je venais de vivre.



Durant les dix années où j’avais été absent, il était naturel que l’on me croie mort. J’appris donc que pour le monde, Benjamin Wotton avais disparu depuis bien longtemps, ce qui ne fut pas pour me déplaire totalement. Je n’avais à présent plus grand-chose en commun avec cet adolescent sombre et maladroit. Ce fut donc naturellement que j’abandonnais tout ce qui me restait de mon ancienne vie, revenant dans cette époque sous le nom d’Alex Mason. Je ne repris pas contact avec mon père, à raison, car ce qu’il était devenu était tout bonnement effrayant. Il finit d’ailleurs par disparaître, dévoré par le mal qui l’habitait et ainsi disparut l’homme que j’avais depuis longtemps cessé de considérer comme mon géniteur. Et j’avais bien plus important à affronter qu’un fantôme de mon passé désormais révolu.

Désireux de me montrer à la hauteur de la dette que je leur devais, je tâchais de retrouver ces mêmes immortels qui m’avaient tant aidé par le passé afin de me joindre à eux. Et lorsque la guerre contre les Invisibles, groupe de mutants qui représentaient tout ce contre quoi je souhaitais me battre, éclata, ce fut naturellement que je leur apportais mon aide dans cette bataille. Quand bien même je rechignais particulièrement à faire du mal, je savais que cela était inéluctable pour éviter bien pire. Ainsi, je me retrouvais à côtoyer le groupe de X-men, groupe dont l’idéologie était proche de la mienne, et les aidais du mieux que je pus. Mais malheureusement pour nos adversaires, je n’étais plus cet être faible piégé par son propre pouvoir, et mes capacités furent vivement appréciées par nos alliés durant cette guerre qui se termina finalement en 2025, en notre faveur.

Malgré les nombreuses pertes, impossibles à éviter durant ce genre d’affrontements, l’avenir semblait rempli d’espoir. Les nuages semblaient enfin s’éloigner et ma vie prenait une tournure tout à coup bien plus positive. Du moins, c’était l’impression que l’allégresse de la paix me donna. Je n’étais pas vraiment dans le tort, mais la réalité me rattrapa bien vite.



Morgoth avait été désigné à la tête des X-men, il ne m’en fallut pas plus pour les rejoindre définitivement, désireux de servir l’homme qui m’avait tant appris et les choses en quoi je croyais. Après toutes ces années mouvementées, m’établir à l’institut fut une existence étonnamment calme, mais c’était loin de me déplaire. Mon existence semblait enfin s’enraciner quelque part, et j’étais heureux de pouvoir me poser, de vivre pleinement et simplement cette paix retrouvée. Le monde tel que je l’avais connu renaissait de ses cendres, et il me donnait même l’impression d’être plus lumineux qu’auparavant. Malgré le fait que je ne parvenais toujours pas à oublier ce frère disparu, ma nouvelle vie avait tout pour faire de moi un homme heureux. C’était un peu comme si, à l’institut,  je retrouvais enfin la famille –ou plutôt l’illusion de famille- que j’avais perdue il y a de cela bien des années. Après tout, les X-men étaient à présent considérés comme des héros et acceptés par la société. Tout donnait l’impression que le plus dur était derrière nous, mais c’était sans compter sur les ombres de mon passé.

Ascheriit, loin d’être mort, était toujours là, n’attendant que son moment pour sortir des ténèbres et prendre la place de ceux que nous venions de vaincre après tant d’efforts. Qui plus est, la paix que nous connaissions n’était pas aussi durable et solide que l’on avait pu le croire, je m’en rendis rapidement compte. Rien n’était en réalité simple, et la tentative d'assassinat du président en était la preuve. Dans les deux cas, j’étais loin d’en avoir fini. Car, si le seigneur des ombres faisait son retour, je serais irrémédiablement de la partie pour le contrer. Son âme étant toujours en moi, je n’aurai d’autre solution pour l’anéantir que de sombrer avec lui. Et pour préserver la paix si chère à Morgorth ainsi qu’à moi-même, il allait falloir se tenir prêt à intervenir auprès de ces fameux initiés qui s’annonçaient déjà comme nos nouveaux ennemis. Mais était-ce vraiment le cas ? Un pressentiment me disait que quelque chose nous échappait. A voir si l’avenir confirmera mes soupçons ou non. Dans tous les cas, j’étais prêt. Et cette fois-ci, le temps jouait en ma faveur.

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